L'amitié virtuelle se tisse tellement vite, mais se défait tout aussi rapidement. Il est facile de se cacher derrière un écran, d'idéaliser les gens. Est-il nécessaire de franchir le pas du réel ? Pour certaines personnes j'en ressens le besoin ; j'ai besoin de savoir à qui j'ai à faire et si mon instinct ne m'a pas trompé. Au premier rendez-vous, la magie opère toujours. Il y a ce mystère de la rencontre, le souvenir des nombreux échanges. Puis après, un éloignement fait son apparition. Lorsque les conversations reprennent par écran interposé, quelque chose s'est brisé. L'intensité a diminué, un malaise se fait sentir. Chacun essaye de lutter pour conserver une étincelle, mais cette dernière s'éteint vite. C'est l'effet que ça me fait à chaque fois. Je rencontre des personnes formidables, qui sont fidèles à l'image qu'elles dégagent. On s'est déjà tout dit mais je garde le souvenir en mettant un visage, ce qui le rend plus concret.

Mais quelque part, c'est frustrant et lassant à la longue de ne pouvoir garder ce lien qui paraît solide. Est-ce que ça vient de nous, qu'on se raccroche trop au virtuel, se persuadant qu'on existe plus au travers de ce qu'on ne peut voir et toucher ? J'ai l'impression qu'une fois de plus, cette expérience va se réitérer, petit à petit avec le temps. Je ne suis pas surprise ; j'ai une confiance toute relative en l'amitié et en sa durée. Peut-être est-il là le problème ;  j'ai peur de l'éphémère mais inconsciemment je le crée, esprit de contradiction.

Je ne regrette cependant aucun passage dans ma vie. J'accueille les gens ; je les vois partir pour toujours, d'autres reviennent, certains font le yoyo et il y a les nouvelles rencontres qui feront de même. En virtuel ou en réel, le principal est de profiter des moments forts, même si parfois le blues s'en mêle.

LittleShadow