Il a été obligé d’évoquer le sujet,

Impossible d’y échapper ;

Il s’est heurté à un mur de silence,

Le douloureux silence de la souffrance.

« Vas-y, pose-les tes questions,

Je n’en ai cure de toute façon.

Tu crois que lorsque tu l’auras arrêté

Ma vie cessera d’être brisée ? »

Je suis salie de l’intérieur,

Mon existence est synonyme de peur ;

Les lendemains n’existent plus,

De toute joie mon quotidien est exclu.

Il aurait dû finir le boulot,

M’achever d’un coup de couteau.

Plus rien ne sera comme avant,

A bras ouverts m’accueille le néant.

J’ai envie d’y plonger sans retenue,

Il ne peut pas m’arriver pire déconvenue.

Je suis en équilibre au bord d’un gouffre sans fin,

Je vais finir par glisser vers un sombre déclin.

Quelque chose pourtant me retient,

Une rage profonde qui appuie sur le frein ;

Ce serait tellement trop facile de se laisser aller,

Ce serait une manière de le laisser gagner.

Il me reste donc un peu d’orgueil,

Certes aussi fragile qu’une feuille,

Mais auquel je m’accroche,

Comme une portée à sa croche.

Le souvenir de ce cauchemar

Ne vit que dans ma mémoire ;

Je voudrais avoir le pouvoir de la formater

Et la tête ainsi vide me réveiller.

© Little Shadow