• Brève parenthèse

    Loin du tumulte, mes pas m’entraînent sur une terre humide parsemée de feuilles mortes. En contrebas, le bruit d’un cours d’eau. Je me sens légère ; je dévale la pente, je ne pense à rien. Juste à profiter de cette nature, un moment de répit pour oxygéner mon cerveau et préserver ma santé.

    Mes yeux s’émerveillent, mes sens sont en éveil. Le chant des oiseaux, le craquement des branches, l’odeur de la liberté… Celle qu’on rêve tous d’avoir, l’ennemi de la routine, notre salut. Je remonte la pente dans un ultime effort et continue d’avancer sur ce sentier plein d’embûches à esquiver, d’autres à affronter. Les visions idylliques font place à des visions métalliques titanesques, brusque retour à la réalité. Un brouhaha de vibrations et cette pollution invisible qui vient rejoindre celle de l’esprit. Un flux incessant qui vient déranger cette ferme paisible où je ne croise âme qui vive. Le regard des bovins me suit comme si c’était la première fois qu’il voyait un quidam sur ces chemins perdus.

    Je suis trempée, j’ai chaud, mais je suis bien. Enfin, j’ai trouvé le bouton « pause ». Au diable le calvaire du travail sans reconnaissance ; la solitude pesante des êtres manqués. Un petit coin de paradis, sous un faux air d’été indien ; une chaleur bienfaisante qui répare les blessures, qui m’arme pour de nouvelles luttes.

    Une bien brève parenthèse…

     

    © Little Shadow (photo de moi, "Les cascades de Bialet", Saint-Ybard, Corrèze)


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  •  

    Tout commence par une chute,

    Survenue par uppercut,

    Ou tout simplement naturelle,

    Un air d'automne dans le ciel.

     

    A terre, sa vie semble finie,

    Mais lui est donné un dernier sursis,

    Un voyage au gré des vents,

    Une échappée qu'elle attend.

     

    Quelques centimètres d'abord,

    Et la voilà qui s'envole,

    Généreux coup du sort,

    Jusqu'à la prochaine escale au sol.

     

    Elle en aura vu des choses cette feuille,

    Elle pourrait écrire un recueil,

    Nous narrer les merveilles de la nature,

    Mais aussi ses points de suture.

     

    Elle est tellement fragile,

    Abîmée par nos esprits vils,

    Pourtant c'est notre oxygène,

    Un échappatoire contre la haine.

     

    © Little Shadow

    (musique : "The flying of a leaf" de Mattia Vlad Morleo)


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  • J’aimerais revenir en arrière, éteindre certaines lumières et en allumer d’autres. Laisser se déployer mes ailes plutôt que de supporter les chaînes qui les enserrent. Être moi et pas ce que les autres ont voulu que je sois. Respirer car le souffle me manque. Avoir les yeux brillants de joie et non de mélancolie. Mais cette bande ne se rembobine pas, on ne peut que se la repasser et l’idéaliser.

    Un mal être que je transporte depuis l’adolescence, fardeau devenu compagnie. Enfermée dans une bulle que tu avais réussi à fissurer et qui s’est refermée depuis que tu n’es plus. Où sont passés nos rêves, nos espoirs d’une vie qui nous ressemble ? Des grains de sable partis en voyage dans l’oubli. Il suffit que je t’évoque pour que les larmes frôlent mes yeux ; c’était juste une poussière.

    Noir ou blanc, mineur ou majeur, la partition de ma vie s’égrène selon ces gammes. Dièses et bémols qui vont et viennent, des blessures qui cicatrisent et d’autres saignant encore. La tempête fait rage, les accalmies se font rares ; dans ma tête, les pensées ne se reposent jamais, elles tourbillonnent, creusent des sentiers sinueux qui finissent par me donner la migraine.

    Pause… Entrevoir un semblant d’espoir, un renouveau. Au bout de cette plume, au bout d’un clic ; dans le son de ta voix qui persiste pendant mon sommeil.

     

    © Little Shadow


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